L’ouverture du procès Mediator a eu l’effet d’une bombe pour la majorité des patients victimes des mauvais effets de ce traitement. En effet, ce médicament coupe-faim mis au point pour les diabétiques en surpoids par les laboratoires Servier et commercialisé en 1976 ferait à long terme pas moins de 1800 victimes. C’est le benfluorex, substance présente dans le médicament, qui serait la cause d’effets secondaires graves, notamment l’atteinte des valves cardiaques.

Plusieurs pays commercialisant le produit en avaient déjà mesuré la dangerosité. C’est ainsi qu’il a été retiré de la vente du marché suisse en 1998, espagnol en 2003 et en Italie en 2004. Cependant, il aura fallu attendre la fin de l’année 2009 pour que la France fasse de même. A cette période, déjà plus de deux millions de français avaient consommé le médicament. Une étude publiée par la revue Pharmacoepidemiology and drug safety faisait état à l’époque de 1300 morts et 3100 hospitalisations. Un rapport d’expertise judiciaire plus récent a alourdi le bilan avec une estimation de 1800 morts à long terme uniquement par valvulopathie.

La question qui se pose est de savoir qui est le responsable de ce fiasco sanitaire. Selon l’inspection générale des affaires sociales, le retard de l’interdiction de la commercialisation de ce produit serait dû à la stratégie de camouflage des laboratoires Servier, au fait dès le départ de la dangerosité de son produit. Les composantes de celui-ci en feraient en effet un puissant anorexigène dont les patients n’auraient évidemment pas été avertis.

Aujourd’hui, près de 700 d’entre eux se sont constitués partie civiles et demandent réparation devant le tribunal de Nanterre sans attendre la fin de l’instruction en cours. Elles ont ainsi cité Jacques Servier, 91 ans, fondateur des laboratoires du même nom, à comparaître pour « tromperie aggravée ».

S’agissant de l’instruction, deux informations judiciaires sont en cours. L’une pour « tromperie, escroquerie, prise illégale d’intérêt » et « trafic d’influence », l’autre pour « homicides et blessures involontaires ». Jacques Servier a également mis été en examen pour ne pas avoir alerté les autorités compétentes de la dangerosité de son produit. La responsabilité de M. Servier est lourdement engagée étant donné sa position de fondateur et dirigeant des laboratoires Servier.

A toutes les accusations et les plaintes qui ont été portées contre lui, le principal intéressé à répondu par un simple « on s’en fout ». Il ne reste plus qu’à attendre l’issue du procès qui se tiendra le 21 mai ainsi que la fin de l’instruction du parquet qui devrait avoir lieu l’été prochain pour connaître les sanctions retenues contre les auteurs d’un des plus grands scandales sanitaires.

Alexandra GHERARDI

Juriste

Sources : www.bfmtv.com « Affaire Mediator : du scandale sanitaire au temps de la réparation » le 21/05/2013 par Mathilde Tournier

 

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