Au cours de ces cinq dernières années, le Street Art est devenu le « it » du monde de l’art que les collectionneurs s’arrachent. Si les institutions exposent les Street artists principalement depuis la fin des années 2000, les maisons de vente aux enchères ont commencé à s’intéresser à cet art tout récemment. On peut noter à Paris la vente du 25 octobre 2013 de la maison Digard organisée à l’Hôtel Drouot, comprenant des œuvres estimées entre 1000 et 900 000 €.
La question est en suspens quant aux réelles motivations des acteurs du marché de l’art : passion et connaissance du mouvement ou investissement spéculatif ? Elle est d’autant plus d’actualité, que le 7 janvier 2014, le Street artist américain JonOne vivant à Paris depuis 1987, a poursuivi le présumé vendeur d’art Warren Levy, devant le Tribunal de Grande Instance de Paris pour la mise en circulation de 23 copies de ses œuvres sur le marché. Les faux vendus par Warren Levy se seraient vendus jusqu’à 15 000 € la toile.
Le but de JonOne à travers cette procédure est certes de faire valoir ses droits puisqu’il semble qu’il soit victime de contrefaçon, mais également de dénoncer l’effet mode du Street Art. En effet, l’artiste n’hésite pas à affirmer « Je pense que c’est la naïveté des gens par rapport à leur expertise du street art qui est en cause. Quand une toile passe en vente aux enchères, les gens ne savent pas faire la différence entre une bonne et une mauvaise toile. Ils ne connaissent rien du street art. C’est la responsabilité de chacun de savoir ce qu’il achète. On n’achète pas une mode, mais un artiste. »
La mise en circulation de faux touchant habituellement les œuvres des grands maîtres de l’art classique et moderne, signifie-t-elle que le Street Art est devenu un mouvement aujourd’hui reconnu de tous, ou est-ce la rançon de la gloire que connaît le « Street Art » ?
Amélie JOURDAN, Juriste
Source : www.huffingtonpost.fr : « Faux tableaux : le street artist JonOne attaque Warren Levy en justice », le 29/12/2013, Alexia GUGGEMOS
