La relation commerciale unissant l’éditeur Hachette à Amazon tourne au règlement de comptes public. La ministre de la Culture française, Aurélie Filippetti, vient, à son tour, de prendre parti dans le conflit en accusant le géant américain de pratiques anticoncurrentielles.

Depuis plusieurs mois, le géant américain fait pression sur Hachette pour que ce dernier réduise ses marges sur les livres numériques. Face à la résistance du groupe français, il rend plus difficile l’achat d’ouvrages publiés par ce dernier en allongeant les délais de livraison ou en refusant de réaliser des précommandes.

De son côté, Hachette se défend de toute entente quant aux prix pratiqués pour les livres électroniques, position qui reçoit de plus en plus de soutiens sur la scène internationale. Ainsi, une pétition lancée par des écrivains américains a récolté plus de 900 signatures, comptant notamment celles de Paul Auster ou Stephen King.

Les autorités françaises avaient déjà réagi en adoptant une loi « anti-Amazon » le mois dernier, visant à supprimer le cumul de la réduction de 5% sur le prix du livre avec la gratuité des frais de port. Le groupe américain s’était alors aligné en fixant ces derniers à 1 centime.

Pour Mme Filippetti, Amazon exerce un abus de position dominante, c’est-à-dire une exploitation abusive d’une situation de puissance économique sur un marché donné, portant atteinte à une libre concurrence sur ce marché, passible de sanctions financières élevées.

Pour l’heure, Amazon semble vouloir entamer des négociations avec d’autres maisons d’édition, tandis que Bruxelles a ouvert une enquête sur le régime fiscal d’Amazon au Luxembourg, où la firme a son siège social européen. La page semble encore loin d’être tournée sur le marché du livre.

Charlotte MARTINEAU, Juriste

Source : www.lemonde.fr : « Aurélie Filippetti accuse Amazon de « pratiques inqualifiables » », par Olivier Faye, le 12.08.2014.

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