La mutation du paysage de la distribution a touché le second groupe mondial de la distribution,Carrefour, jusqu’à présent entreprise familiale aux mains de la famille Halley. En effet, alors que Carrefour était encore détenu à hauteur de 13% du capital et 20% des droits de vote par le biais d’un pacte d’actionnaires liant les membres de la famille Halley, l’Assemblée générale des actionnaires du 15 avril prochain mettra fin au pacte, laissant la liberté à chacun des détenteurs d’actions de céder ses titres individuellement. Le groupe Arnault et Colony Capital détiendront désormais le rôle de premier actionnaire du groupe Carrefour, qui s’attend à une année 2008 difficile, notamment en raison d’un recentrage vers les marchés émergents. Deux magasins ouvriront ainsi avant la fin de l’année en Russie et cinq autres ouvertures sont prévues en 2009 notamment en Inde. Les marchés traditionnels du groupe, tels que l’Espagne, l’Italie et la France, devraient ainsi perdre peu à peu de l’importance notamment en raison de législations de plus en plus restrictives

 

Ainsi, la loi Raffarin adoptée en 1996 soumet à autorisation toute ouverture ou extension de surface supérieure à 300m². Cette mesure, initialement adoptée pour augmenter la concurrence entre les distributeurs, aboutit en fin de comptes à l’effet inverse en favorisant les concentrations et les positions dominantes acquises. En effet, les formalités nécessaires ont découragé les commerces les plus modestes au profit des grands groupes qui disposent des moyens nécessaires au montage des dossiers d’ouverture, ce qu’a souligné le Conseil de la concurrence dans son rapport en octobre 2007.

 

Une étude du cabinet Asterop met à jour un manque de concurrence dans près de 60% des bassins de consommation français qui souffrent de la mainmise d’un seul et unique distributeur alimentaire qui devance généralement son concurrent de 25% de parts de marché. D’après l’étude, le groupe Carrefour dominerait ainsi 41% du marché français. C’est ainsi que dans le cadre de la loi de modernisation de l’économie qui devrait être présentée par Christophe Girardier devant la commission des Affaires économiques du Sénat le gouvernement exprimera son souhait de « développer la transparence et la concurrence dans les relations commerciales au bénéfice des consommateurs ». Cette loi devrait ainsi réformer en profondeur la loi Raffarin originairement destinée à protéger les petits commerçants et qui pourtant, selon le ministère de finances, « a permis à des magasins d’abuser de positions de monopole au niveau local », confirmant ainsi la préoccupation des pouvoirs publics pour la défense du pouvoir d’achat des Français puisque comme l’a souligné le ministère des finances « Sans concurrence entre plusieurs enseignes, les prix augmentent au détriment du consommateur ».

 

Hélène PATTE

  

 

 

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