Le journal Les Echos vient d’annoncer lundi 23 juin que l’ICANN, instance chargée de la gestion des noms de domaine, avait décidé de libéraliser le marché des noms de domaine, permettant notamment le dépôt de n’importe quelle extension.

Jusqu’à présent, l’extension du nom de domaine (troisième partie d’une adresse Internet) restait protégée par des gestionnaires privés mandatés par l’ICANN, comme Verisign pour le .com et le .net, ou les Etats (le .fr en France, le .pt au Portugal ou le .co.uk pour les britanniques).

Mais bientôt les .com, .net ou .fr ne seront plus seuls. En effet, dès l’année prochaine, les internautes pourront ainsi faire appel à leur imagination pour réserver leurs noms de domaine, pouvant ainsi choisir des extensions aussi variées que le .amour, .avocat ou .chocolat, voire des .Dupont.

Cette mesure est attractive à plus d’un titre. D’une part, elle permet aux internautes de personnaliser encore plus leurs adresses Web (avec avocats-picovschi.avocat, on sera sûre de tomber sur un avocat !).

D’autre part, cette mesure offrirait de nouvelles perspectives dans un système en pleine pénurie actuellement puisque 85% des ressources sont utilisées à ce jour.

Cependant, cette nouvelle mesure n’aurait pas que des points positifs, loin de là. En augmentant le nombre d’extensions possibles, cela va alors contraindre les entreprises à acheter ces nouvelles extensions et donc dépenser encore plus.

De plus, de nombreux conflits risquent de naître avec ces nouvelles extensions. En effet, comment faire si deux individus veulent déposer une même extension ? Et que faire de ceux qui vont choisir des extensions proches de noms de marques (par exemple, un .peujot ou un .danonne) ?

En réponse à ces inquiétudes, l’ICANN a prévu quelques limites à cette liberté de choix des extensions. En effet, chaque dépôt d’extension devra respecter quatre critères.

Tout d’abord, il faudra respecter le droit des marques, ce qui signifie par exemple qu’Apple gardera l’exclusivité pour les éventuels .ipod, .imac ou .iphone.

Ensuite, l’ICANN compte interdire les imitations d’extensions déjà existantes comme par exemple le .kom ou le .nette.

En outre, l’organisation prévoit une limite plus obscure : l’obligation de respecter « l’identité d’une communauté reconnue par ses pairs », visant notamment les religions ou les organisations politiques.

Enfin, l’ICANN prévoit de faire respecter une notion tout aussi ambigüe : l’ordre public ou moral. Une notion qui risque de faire place à une large interprétation, sachant que tout le monde n’a pas la même conception de celle-ci.

Par conséquent, l’ICANN vient d’avoir une initiative qui risque de poser beaucoup de problèmes juridiques. Mais ce n’est pas ça qui freinera cette organisation qui voit plutôt les profits qu’elle pourra tirer de cette libéralisation des extensions. Ainsi, rien que pour l’exercice 2006-2007, l’ICANN avait perçu quelques 38 millions de dollars pour la création de nouveaux noms de domaines. Nul doute que la libéralisation des extensions des noms des domaines devrait permettre de multiplier ce chiffre par deux.

On comprend mieux pourquoi les éventuels soucis juridiques passent au second plan.

Alexandre RODRIGUES

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