« Soutenons la liberté de la presse, c’est la base de toutes les autres libertés, c’est par là qu’on s’éclaire mutuellement » (Voltaire, 1694-1778)

L’affaire Auto Plus-Renault déchaîne les passions. C’est le retour au premier plan d’un vieux serpent de mer : jusqu’où la liberté de la presse est-elle garantie ?

Avant d’aller plus loin, un petit résumé de l’affaire s’impose : tout débuta à l’été 2007 avec la publication dans le magazine Auto Plus des photos et des informations sur un projet de petit véhicule censé être commercialisé par Renault trois ans après. La marque au Losange a aussitôt porté plainte contre « X » pour espionnage industriel.

Or, l’instruction judiciaire a connu de nouveaux rebondissements ces derniers jours avec la perquisition au siège parisien d’Auto Plus, le 15 juillet, et la mise en examen du journaliste ayant écrit l’article, le 17 juillet. La perquisition au siège du magazine spécialisé dans l’automobile a duré plus de huit heures et les policiers y ont saisi des disques durs d’ordinateurs ainsi que des photos et divers autres documents.

S’en est suivie une belle bataille de déclarations. Tout d’abord, ce sont les protagonistes de l’affaire qui ouvrirent les hostilités avec le directeur de la rédaction d’Auto Plus qui invoque le secret professionnel et le droit de protéger ses sources comme des composantes de la liberté de la presse et d’une presse indépendante. Du côté de chez Renault, on se défend en se plaçant sur le terrain du secret industriel qu’il faut à tout prix protégé.

Comme souvent dans ce genre d’affaire très médiatique, le politique s’est emparé du problème avec l’intervention des ministres qui ne semblent pas s’être concertés dans cette histoire. En effet, si la ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, a choisi de protéger Renault, considérant notamment que le secret des sociétés relevait de l’intérêt public, la Garde des Sceaux, Rachida Dati, a préféré défendre la cause des journalistes en se montrant « très attachée » au respect et à la sauvegarde de la liberté de la presse.

Dans cette affaire, c’est la justice qui est pointée du doigt pour son intervention jugée irrespectueuse du droit de la presse. Ça tombe bien puisque notre Ministre de la Justice avait dans ses cartons un projet de loi de modification de la loi de 1881 sur les infractions par voie de presse, projet de loi qui a d’ailleurs déjà été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale.

Et comme par hasard, ce projet de loi a prévu de nouvelles garanties en matière de perquisitions et de saisies chez les journaliste avec notamment l’obligation pour le magistrat de motiver sa décision. Parmi les autres avancées prévues par ce projet de loi, on retrouve également une meilleure protection du travail des journalistes qui ne seront plus obligés de révéler leurs sources à tous les stades de la procédure.

On peut dire que cette affaire est vraiment tombée au bon moment pour faire la promotion du nouveau projet de loi. Le hasard fait décidément bien les choses…

Alexandre RODRIGUES

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