La crise sanitaire ne touche pas que les petites entreprises. En redressement judiciaire depuis le 26 mai 2020, l’entreprise de prêt-à-porter féminin Camaïeu fondée en 1984 va être reprise par la Foncière immobilière bordelaise (FIB) selon la décision du tribunal de commerce de Lille.

N’ayant pas pu bénéficier d’un prêt garanti par l’État, l’entreprise Camaïeu a depuis quelques mois rejoint le nombre grandissant d’entreprises françaises en état de cessation des paiements. Si l’entreprise affirme que la fermeture de ses 800 magasins dans le monde et la chute de 95% de son chiffre d’affaires est majoritairement imputable à la crise sanitaire, la CGT émet cependant des doutes, arguant qu’il s’agirait en réalité d’un plan social déguisé, des fermetures de magasins au compte-gouttes ayant été effectuées depuis trois ans déjà.

L’intersyndicale et divers syndicats exigent à cet égard une enquête, estimant que le passage à la faillite au mois de mars avait été orchestré par la direction afin de se soustraire à l’organisation d’un plan social négocié.

Concernant la reprise de l’enseigne, le tribunal devait trancher entre le projet de la FIB dont le dirigeant est propriétaire de 22 franchises Galeries Lafayettes depuis 2018 et de l’enseigne La Grande Récré, et celui de l’actuel PDG de Camaïeu.

2 659 des 3100 emplois actuels devraient être conservés et les autres salariés devraient faire l’objet d’un licenciement pour motif économique dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi, et 511 des 634 magasins devraient poursuivre leur activité. C’est plus que ce que proposait le plan de l’actuel PDG de Camaïeu qui prévoyait de ne conserver que 2520 emplois et 446 magasins.

Si le fait que le projet de la FIB prévoit de conserver davantage d’emplois et de magasins a très certainement penché dans la balance, le tribunal a également souligné le fait qu’une reprise ne pouvait réussir sans le soutien des salariés, or l’équipe dirigeant actuelle n’avait pas su ou pu acquérir et conserver la confiance du personnel.

Autre victoire pour les salariés grévistes : l’entrepôt ne fera pas l’objet d’un déménagement chez le groupe logistique Log’s situé à Wattrelos contrairement au projet du consortium des actuels actionnaires, une des mesures phares contestées lors des grèves des salariés de Camaïeu en juillet dernier. Une décision de reprise accueillie avec soulagement par ces derniers, et qui ouvre un nouveau chapitre pour l’entreprise française.

Avocats Picovschi suit pour vous l’actualité et ne manquera pas de vous tenir informée des nouveautés sur la reprise de Camaïeu.

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