Mona Guichard, la directrice de la scène nationale de Cherbourg, le Trident, a eu l’idée, il y a un an, de programmer un de ces spectacles hors les murs du festival « Toi cour, moi jardin ».

Ce spectacle devait être joué le 2 juin dans une salle d’audience rappelant les procès d’animaux du Moyen-âge.

Mais voilà que le jour même du spectacle, le premier Président de la cour d’appel de Caen, refuse que la pièce soit jouée au motif qu’il n’a pas autorisé l’ouverture à des horaires exceptionnels. Il invoque un article désuet du code de l’organisation judiciaire.

La troupe de spectacle prend ça pour « un motif administratif détourné pour maquiller une vraie censure ».

Ce fait divers permet d’ouvrir une réflexion contemporaine sur ce pan d’histoire oublié.

En effet, au Moyen-âge, il y avait de nombreux procès intentés aux animaux. Ceux-ci se voyaient reprocher un délit, un crime ou un dommage comme il l’aurait été à un être humain, en principe seul sujet de droit ou justiciable.

Ainsi, on condamnait à la potence ou au bûcher des vaches, ou des truies. De même, l’Église étendit ses excommunications des hommes aux animaux : rats, mouches, sauterelles, taupes, poissons ; tout membre de la faune pouvait y succomber.

Les délits commis par les bêtes étaient, comme ceux des humains, de deux sortes : devant les juridictions civiles et pénales.

Il faut remonter au XIIIe siècle pour rencontrer des jugements écrits contre les animaux. Des chroniqueurs ont relaté des procès de ce genre dès le XIe siècle, mais cette jurisprudence ne parait prendre date en France qu’en 1226, année où un porc fut brûlé vif à Fontenay-aux-Roses pour avoir dévoré un jeune enfant.

Céline Weber
Juriste

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