Quand les européens profitent du système américain (parfois également en l’abusant) pour revoir leurs engagements envers des conventions internationales bien connues et pour échapper à l’œil nécessairement inquisiteur des instances de l’UE, cela peut donner lieu, parfois, au type de scandale dont nous allons parler aujourd’hui.

Tout le monde en France, a déjà au moins entendu parler, – y a même parfois mangé – de l’entreprise Sodexo. Ce géant de la restauration collective qui exerce ses activités dans des entreprises de toutes sortes telles que les banques, hôpitaux, universités, etc.

Par contre, l’on connait peut-être moins bien ses engagements envers le droit du travail, affichés sur son site et revendiqués avec force. Cela ira de la mention « employeur engagé » à une déclaration d’intention qui mentionne notamment « le respect de principes éthiques : la loyauté, le respect de la personne, la transparence, la lutte contre la corruption et la concurrence déloyale ».

Et cela est sans doute vrai, du moins en Europe.

En effet, comme on le dit si bien, ce ne sont pas les paroles qui comptent mais bien les actes, c’est pourquoi l’étonnement sera plus ou moins grand de découvrir, qu’aux Etats-Unis, où le système social est bien moins protecteur qu’en France, ces mêmes employeurs modèles marchent sur le Pacte mondial des Nations Unies qu’ils semblent pourtant bien respecter en Europe.

Le rapport réalisé par l’association Human Right Watch, sur les violations du droit syndical aux Etats-Unis par des multinationales européennes, dénommé « Une étrange affaire » a été publié jeudi.

Il mettra plus que mal à l’aise certaines entreprises, dont Sodexo et Saint-Gobain, pour ne citer que les entreprises françaises les plus connues.

Le rapport de 128 pages fait état de violations plus que choquantes : l’obligation donnée aux salariés de visionner lors de certaines « réunions » des projections de vidéos anti-syndicats, la pression constante sous laquelle les employés travaillent avec la menace non voilée du gel des salaires…

Comme déjà mentionné plus haut, la loi américaine est moins protectrice que la loi française, (par exemple la formation d’un syndicat ne se fera qu’à la condition que la majorité des employés l’acceptent soit 51 pour cent) ce qui entrainera donc toujours, tant que cette législation ne changera pas, la possibilité pour les entreprises européennes travaillant aux Etats-Unis de se glisser dans les brèches du système américain.

Comme les patrons de ces entreprises s’en défendent si bien : « ils respectent strictement la législation américaine ». Et nous, nous ne sommes pas dupes.

Sophie Szpalski
Juriste

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